Arvato : « Les projets logistiques deviennent de plus en plus complexes »

►Cette interview est issue de notre dossier annuel sur la logistique contractuelle paru dans Stratégies Logistique n°211.

Les logisticiens contractuels animent le marché de l’immobilier logistique depuis deux ans. Est-ce une tendance durable qui annonce une nouvelle phase d’externalisation ?

Emeric Crépin (EC) : Effectivement, c’est une tendance de fond qui va probablement s’accentuer avec la conjoncture économique. Les entreprises industrielles et du retail se recentrent sur leur cœur de métier en s’appuyant sur des partenaires experts.

Quelles sont les évolutions logistiques qui expliquent cette tendance ?

EC : Plusieurs l’expliquent. Tout d’abord, la phase post-COVID a vu une accélération des projets d’omnicanalité, intégrant les stocks des entrepôts e-commerce et des boutiques physiques. Cette fusion permet une gestion plus fluide et efficace des stocks, répondant mieux aux attentes des consommateurs. Ensuite, les projets logistiques deviennent de plus en plus complexes, nécessitant des solutions IT avancées. La gestion de plateformes e-commerce interconnectées par exemple, requiert des systèmes sophistiqués pour assurer une intégration fluide entre les différents canaux de vente et les systèmes de gestion des stocks. Parallèlement, le besoin en cybersécurité s’est considérablement accru avec la mise en place de mesures de sécurité robustes. Pour mettre en œuvre ces technologies, les entreprises ont besoin d’expertises métiers souvent disponibles chez des prestataires logistiques.

Cela suppose des investissements pour ces derniers ?

EC : L’augmentation de l’automatisation dans les entrepôts par exemple implique des investissements financiers importants en effet. En externalisant, les chargeurs peuvent partager leurs risques financiers avec des partenaires logistiques, tout en bénéficiant de technologies de pointe. En mutualisant les équipements et les ressources avec d’autres marques, ils réalisent aussi des économies d’échelle significatives. Cette mutualisation réduit les coûts tout en optimisant l’utilisation des infrastructures logistiques.

Dans ce contexte, quelles sont les actions menées par Arvato pour maîtriser et optimiser ses coûts d’exploitation ?

EC : En 2024, la hausse de nos coûts d’exploitation se situait autour de 5 %. Pour 2025, nous prévoyons une augmentation plus contenue d’environ 3 %. Nous avons entrepris plusieurs actions pour réduire les coûts énergétiques comme le relamping LED des entrepôts, avec détecteurs de mouvements, et la rénovation de nos équipements de chauffage. En ce qui concerne les coûts salariaux, nous avons mis en œuvre des actions de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT). Elles visent à améliorer le bien-être de nos employés et réduire le turnover. Nous investissons également dans la formation continue pour accroître la polyvalence des équipes.

Comment vos innovations et méthodes de travail contribuent-elles à réduire votre empreinte carbone et à améliorer le bien-être de vos équipes ?

EC : L’une de nos innovations dans le domaine énergétique et environnemental est la solution Paperless. Cette initiative vise à réduire notre consommation de papier en éliminant en grande partie les documents nécessaires aux livraisons de nos clients (bordereaux de livraisons, packing lists…). En parallèle, nous développons une solution permettant d’imprimer directement les étiquettes de transport sur les cartons. Cette double approche diminue notre empreinte carbone, améliore l’efficacité logistique et réduit les déchets. En matière de management des équipes, le programme « Leading at Arvato » souligne l’importance d’un excellent leadership pour l’engagement de nos collaborateurs et la réalisation de notre vision à l’échelle mondiale. En favorisant une culture de collaboration, d’excellence et d’apprentissage permanent, nous créons un environnement où chacun peut s’épanouir et donner le meilleur de lui-même.

robot Leleka déployé par Arvato automatise le tri et le prélèvement d’articles de mode grâce à l’IA.

Arvato

L’automatisation et la robotisation sont présentées comme une piste pour réduire la pénibilité des opérations dans les entrepôts, avez-vous un exemple qui le démontrerait ?

EC : Nous avons développé Leleka, un robot conçu pour automatiser le tri et le prélèvement d’articles de mode grâce à l’intelligence artificielle. Cette innovation se distingue par sa précision de 98 %. Elle garantit une exécution des commandes à la fois fiable et efficace. Intégré à un système de tri de sacs (BagSorter) à Hanovre, le robot Leleka permet non seulement de réduire l’épuisement des employés, en prenant en charge les tâches les plus fastidieuses, mais aussi d’apporter des gains de productivité et de fiabilité.