« Rendre nos chaînes d’approvisionnement plus résilientes est aujourd’hui indispensable », estiment Felix Papier, professeur et ancien directeur général adjoint de ESSEC Business School) et Christopher S Tang (professeur distingué à UCLA Anderson School of Management), via une tribune publiée dans Les Echos.
Combien de personnes savent aujourd’hui que l’Ukraine assure 70 % de la production mondiale du néon, un gaz indispensable pour la lithographie, une étape clé dans la production des semi-conducteurs ?
Qu’elles soient dues à la Covid-19, à la guerre, à la hausse du prix des énergies, les ruptures des chaînes d’approvisionnement mondiales se sont multipliées depuis deux ans. « La complexité des chaînes, auxquelles participent des centaines voire des milliers de fournisseurs est, en effet, une des raisons majeures des problèmes actuels », conclut les spécialistes.
17% de visibilité
D’où l’urgence d’avoir une meilleure visibilité de sa supply chain... Surtout quand on sait que par exemple, le groupe américain Procter & Gamble, par exemple, a 75.000 fournisseurs à gérer, qui travaillent chacun avec leur propre réseau de sous-traitants !
Selon l’étude du cabinet McKinsey, seulement 17 % des firmes ont de la visibilité au-delà de leurs fournisseurs proches. Un objectif de visibilité exhaustive « nécessite de la part des firmes des mesures audacieuses », insistent les deux spécialistes.
Certaines entreprises travaillent de façon pointue sur la question, avec l’aide des nouvelles technologies. « Afin de détecter le plus rapidement possible de potentielles ruptures, l’équipementier automobile suédois Autoliv a récemment investi dans un système qui intègre les données provenant d’une multitude de sources d’information (actualités, réseaux sociaux, rapports financiers, etc.) ».
Diversification et relocalisation
De son côté, le gouvernement américain vient ainsi de lancer une plateforme permettant « un partage en temps réel des données impactant le secteur de la logistique », poursuivent les deux professeurs. La question de la diversification de l’origine géographique des matières se pose, tout comme celle de la relocalisation.
Benetton a ainsi annoncé en 2021 la relocalisation de la moitié de son volume de production, d’Asie vers l’Europe et l’Afrique. STMicroelectronics et GlobalFoundries s’apprêtent pour leur part à construire un nouveau site de production de puces électroniques en France.
Sur le même sujet
Derniers articles publiés dans les rubriques Digital
Derniers articles publiés dans la thématique Traçabilité
