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L’observatoire du véhicule industriel (OVI)* vient de publier son étude économique semestrielle du transport routier et ses prévisions sur les investissements au second semestre 2021. Il semble que les plus gros dégâts économiques auxquels la crise sanitaire exposait les entreprises du secteur ont pu être limités… pour l’instant.
Pour Jean-Michel Mercier, directeur de l’OVI, les conséquences économiques visibles de la crise sanitaire dans l’immédiat « sont inédites, mais aussi hors norme ». Elles créent « un environnement nouveau, à tous les niveaux, susceptible de provoquer des maux de tête aux prévisionnistes. » Selon lui, certains indicateurs seraient même « trop positifs pour être honnêtes ». Les liquidités sont abondantes, les bourses auront vécu des mois de progression significatifs, les défaillances d’entreprises n’ont jamais été aussi basses, tandis que les enquêtes d’opinion sont au-dessus de leurs moyennes de long terme…
Le directeur de l’OVI explique en effet, que « même si l’on connait l’origine des indicateurs économiques, c’est-à-dire les injections considérables de fonds publiques et les mesures d’accompagnements complémentaires, il est tout à fait surprenant de faire le constat d’une tendance à l’investissement quasiment en haut de cycle qui s’accompagne d’une défaillance partielle de l’offre, du fait de situations de surchauffe de nombreuses filières ».
La filière véhicules utilitaires n’échapperait pas à ce contexte avec un déséquilibre de l’offre du fait d’approvisionnements en matières premières et en composants insuffisants. Les délais de livraisons s’allongent très sensiblement tandis que le prix des véhicules augmente. Au passage, l’OVI estime que la pénurie de semi-conducteurs qui grippe en partie la filière automobile, questionne sur l’avenir et le fonctionnement de la filière mondiale de « l’électromobilité ».
Sortie de crise en 2022 ?
Contrairement à ce que laissait espérer fin 2020 le lancement des campagnes de vaccination, la France est restée début 2021 sur une trajectoire de sortie de crise en accordéon du fait de l’apparition des variants et de lenteurs dans la vaccination. La crise économique s’est rapprochée, avant de s’éloigner à nouveau (voir encadré en fin d’article). Pour 2021 et les années à suivre, les enjeux seront nombreux, avec notamment les conditions et les impacts du retour à une économie « non subventionnée » ou non soutenue par des fonds publics. Le PIB français dépasserait son niveau de 2019 au premier trimestre de 2022. Ce retour marquerait une première étape. L’OVI souligne cependant « qu’il existe une grande différence entre retrouver le niveau d’avant-crise et retrouver la trajectoire, c’est-à-dire le niveau que le PIB aurait atteint en l’absence de crise. »
Le TRM en situation de redémarrage
Dans le secteur du transport routier en France, l’OVI constate une déconnexion entre le volume de flux physiques et le niveau du PIB qui ne permet pas d’extrapola-tions entre le trafic des véhicules et les volumes transportés d’une part, et le niveau du PIB global d’autre part. L’observatoire s’appuie donc pour son analyse, sur l’étude de conjoncture réalisée par la Fédération nationale des transports routiers (FNTR).
Ainsi, selon la FNTR, l’activité économique du secteur est encore impactée par la crise au premier semestre 2021. « Bien qu’en légère progression, dans la continuité du 4ème trimestre 2020, l’activité du secteur du TRM est toujours en dessous de sa moyenne de longue période et de son niveau d’avant crise. 41 % des chefs d’entreprise interrogés ont encore constaté une baisse de leur activité au 1er trimestre, et seulement 19 %, une hausse. Le secteur reste donc très fragilisé en ce début 2021. »
- Évolution de l’activité Future du TRM en France
- Soldes d’opinion en points d’écart-type corrigés des variations saisonnières
(cliquer pour agrandir) - Source FNTR
Pour les prochains mois, les chefs d’entreprise semblent plus optimistes, et ce malgré l’absence de visibilité en raison de la crise sanitaire. Ainsi 22 % des transporteurs anticipent une hausse de leur activité, contre 8 % au 4ème trimestre 2020. L’indicateur qui mesure l’évolution future de l’activité reste toutefois en dessous de sa moyenne de longue période.
Un bon niveau d’investissement
Malgré la crise sanitaire mais aussi malgré les incertitudes créées par les mesures à venir de transition énergétiques concernant l’utilisation des carburants fossiles, les transporteurs ont continué d’investir. Ils ont acheté des camions, dopant la demande de véhicules d’occasions quand les véhicules neufs n’étaient pas disponibles et remplissant raisonnablement les carnets de commandes en véhicules neufs des constructeurs.
L’année 2020 s’est terminée en France à 41 631 immatriculations de véhicules de plus de 5tonnes, soit à un niveau bien au-dessus des années de crises de 2008-2009 (à 34-35 000 unités) grâce à un second semestre proche du niveau de 2019 avec une moyenne mensuelle de 3 688 véhicules.
Sur les cinq premiers mois, l’année 2021 se maintient dans cette moyenne à 3 800 immatriculations mensuelles, avec un cumul sur cinq mois de 19 000 unités, en reprise logique par rapport à 2020 (+ 27 %), mais dans la moyenne des dix dernières années.
L’occasion repart en premier
Les tracteurs sont les moteurs de la reprise, ils compensent une chute des immatriculations très nette au début de 2020 (- 48,9 % sur cinq mois). Avec plus de 9 500 unités sur cinq mois, ils sont proches des résultats enregistrés en 2017 et 2018 (+ 33 %). Le marché porteur progresse de 21 % sur cinq mois par rapport à 2020, avec 9 443 unités, et tend vers les résultats des années 2017-2018.
- Immatriculations de véhicules neufs et occasions en France, 2007 - 2021
- En glissement sur 12 mois à juin
(cliquer pour agrandir) - Source CCFA
Du côté des immatriculations de véhicules d’occasions, après deux années de moindre résultat en 2018 et 2019 (sous le niveau des véhicules neufs) puis après une année de recul, elles sont reparties à la hausse à 23 474 unités sur cinq mois.
Historiquement, le cumul sur les douze derniers mois, qui s’établit à 56 303 immatriculations, est le meilleur résultat depuis 2011. L’OVI note que les achats de véhicules d’occasions sont les premiers à reprendre en sortie de crise avant que la confiance en l’avenir se rétablisse et que les entreprises puissent réinvestir dans des véhicules neufs.
L’observatoire estime néanmoins que le marché des véhicules neufs de plus de 5 t devrait s’établir en France à 45 750 immatriculations fin 2021 et celui des véhicules d’occasion atteindre 56300 unités.
Comment l’économie française a traversé la crise ?
L’OVI a ressemblé plusieurs indicateurs résumant la situation économique de la France à fin 2020 (Sources : INSEE, BNP PARIBAS) :
- La contraction du PIB est finalement estimée à 8,2 %
- Une baisse de l’emploi salarié bien contenue à 1,3 %
- Le revenu disponible des ménages en légère hausse de 1,1 %
- Le taux d’épargne des ménages a fortement augmenté de 6,4 points à 21,4 %
- Le taux de marge des entreprises a baissé de 4 points à 29,2 %
- Le déficit budgétaire atteint un niveau record à 9,2 % du PIB
- Le ratio de dette publique atteint les 115,7 % du PIB
Voir en ligne : https://trucks.rentalsolutions.bnpp...
*Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) de BNP Paribas Rental Solutions sur les secteurs du Transport Routier de Marchandises (TRM) et du Véhicule Industriel (VI).