- 170 pages , éditions du Cherche Midi, mars 2017
- Laurent Livolsi et Christelle Camman sont maîtres de conférence au département « Gestion logistique et transport » de l’IUT d’Aix-Marseille. Il sont également chercheurs au Cret-Log. Laurent Livolsi est responsable de la chaire SNCF Logistics au sein de la Fondation Aix-Marseille Université. Le chapitre consacré aux propositions logistiques pour la France conclut une remarquable mise en perspective de l’évolution des supply chain mondiales au cours de la période récente.
« La logistique une affaire d’Etat ? ». Cet ouvrage publié il y a quelques semaines aux éditions du Cherche Midi sous la plume de deux universitaires du Cret-Log a été réalisé avec l’appui de SNCF Logistics. Rencontre à cette occasion avec Jean-Michel Genestier, directeur général adjoint de SNCF Logistics.
Stratégies Logistique : Le livre consacre un bon quart de ses pages à ce qui apparaît comme une véritable feuille de route en 10 points pour un ministère du transport et de la logistique. En période d’élections il ne peut s’agir d’un hasard, quelle est la genèse de cet ouvrage ?
Jean-Michel Genestier : Cet ouvrage résulte d’une rencontre avec des chercheurs et des professeurs dont les travaux se sont intéressés à notre secteur non seulement à partir d’un grand nombre de sources documentaires en France en Europe et dans le monde, mais aussi et surtout, en allant sur le terrain, en s’informant auprès de l’ensemble des acteurs économiques ou politiques. Avant cette rencontre, nous pensions à SNCF Logistics qu’il serait utile de soutenir des travaux de recherche sur nos métiers. Il y avait donc un sens pour nous à soutenir une chaire dans une université. Il fallait trouver les bonnes personnes. Nous les avons trouvées au Cret-Log.
Il y avait dans les conditions du projet l’écriture d’un livre qui aurait pour vocation de décrire l’ensemble des problématiques de la logistique en France replacées dans leur contexte de mondialisation. Notre ambition était de contribuer à la pérennisation et au développement en France d’une organisation logistique globale qui aille au-delà des organisations minimales destinées à approvisionner les populations et l’industrie. Car nous pensons que faute d’ambitions, notamment en termes d’amélioration de compétitivité, une partie significative des activités logistiques en France peut parfaitement être délocalisées.
_ S.L. : Est-ce que ce travail n’a pas été déjà mené dans le cadre de la préparation du plan France Logistique 2025 ou à l’occasion de rapports parlementaires récents ?
J.M.G. : Effectivement. Mais nous pensons qu’il faut aller plus loin,préciser les choses. Et cela, de façon très pragmatique, dans la vision d’un plan logistique global de nature à donner une visibilité sur l’avenir à des acteursqui, comme SNCF Logistics, vont devoir investir sur le long terme par exemple, en ce qui nous concerne, dans de nouvelles locomotives électriques. Tous les acteurs de la chaîne logistique comme notre filiale Geodis doivent pouvoir projeter leur action dans les organisations qui devront être mises en place pour servir l’économie du pays, approvisionner les villes et leurs habitants.
S.L. : Le titre de l’ouvrage que vous avez commandité suggère que le plan logistique global que vous appelez de vos voeux est une affaire d’Etat, n’est-ce pas un paradoxe dans une France qui vient de choisir d’aller vers un peu plus de libéralisme ?
J.M.G. : Nous ne pensons pas que l’Etat doit décider à la place de l’économie. Il lui appartient cependant de faire en sorte qu’un certain nombre de fondamentaux soient respectés. Il doit fixer un cap et s’y tenir dans la durée. La démarche doit se réfléchir à la fois dans une perspective de réduction de l’impact environnemental mais aussi avec le souci d’un équilibre des contraintes de circulation, de stationnement, de typologie des véhicules etc. Les régions doivent être étroitement associées à ce plan.
S.L. : SNCF Logistics réalise 15 % de son chiffre d’affaires (10,1milliards d’euros) dans le transport ferroviaire de marchandises, globalement c’est une activité qui se porte mal malgré des décennies de plans stratégiques destinés à « revaloriser le fret ferroviaire » quel est l’enjeu pour ce mode de transport dans les années à venir ?
J.M.G. : Il faut trouver l’économie de ce marché en France et en Europe, personne n’y gagne d’argent. Aujourd’hui, nous n’avons pas assez de clients pour saturer nos outils et donc pour produire des trains massifiés. Depuis plusieurs années déjà, nous sommes dans l’obligation de réaliser des groupages de coupons de trains pour constituer des trains entiers, c’est l’offre Multilots-Multiclients. Aujourd’hui nous en sommes à ajouter des wagons à des trains pour continuer de massifier alors que de son côté, la demande de transport continue de se parcelliser. La capacité de transport ferroviaire de marchandise est essentielle à l’économie du pays, mais elle n’est soutenue que par quelques grands clients historiques. C’est à l’Etat que nous demandons de nous donner le chemin à suivre pour réaliser des investissements et bâtir des business plans.
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[1] (1) SNCF Logistics est la branche transport de marchandises du groupe SNCF. Elle regroupe l’ensemble des activité ferroviaires (STVA,Fret SNCF VIIA,Ermewa Group, Naviland Cargo, Forwardis notamment) mais aussi le groupe diversifié Geodis.
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