Le président Donald Trump s’attaque à l’Europe et tous ses partenaires commerciaux par des barrières douanières inédites. Il cible aussi le secteur maritime.
30 ans après la création de l’OMC, le concept de démondialisation des échanges commerciaux devient une réalité brutale. Les sanctions douanières décrétées par le président des Etats-Unis à l’encontre de ses partenaires commerciaux menacent d’une escalade délétère la plupart des économies et leurs supply chains mondiales.
Le président des Etats-Unis a annoncé le 2 avril de nouveaux droits de douanes de 10% a minima sur toutes les importations dès le 5 avril. Les marchandises exportées depuis l’Europe notamment se voit surtaxées de 20 %, celles depuis la Chine de 34 % ainsi que les pays du Sud-Est asiatiques où nombre de supply chains se sont relocalisées dans une stratégie de diversification « Chine +1 ». Les surtaxes par rapport au « tariff » additionnel de 10 % pour tous les pays s’appliquent à 57 pays : voir la liste complète ci-dessous. Le Royaume-Uni et l’Australie font exception en ne dépassant pas les 10 %. Les droits de douanes épargnent pour l’instant le cuivre, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les articles en bois d’œuvre, certains minéraux critiques, ainsi que l’énergie et les produits énergétiques.
Des premières mesures protectionnistes avaient déjà ciblé la Chine avec 20 % de droits de douane à l’importation sur tous les produits, le Canada et le Mexique avec 25 % de droits sur tous les produits, puis les importations d’acier, d’aluminium et de produits dérivés à hauteur de 25 % (scénario déjà vu lors du premier mandat de Donald Trump) ainsi que la filière automobile, pour tous les véhicules qui n’ont pas été assemblés sur le sol américain.
Ces nouvelles taxes pourraient n’être qu’une posture de négociation – Donald Trump a suspendu pour un mois les droits de douane imposés au Canada et au Mexique deux jours après leur mise en place. D’ores et déjà, cette nouvelle donne tarifaire aggrave les multiples sources de déstabilisation des supply chains mondiales : « entre mesures protectionnistes aux États-Unis, réglementations contraignantes en Europe et remise en cause de l’ordre économique et politique occidental par les pays du « Sud Global », ce sont les fondements mêmes de la globalisation et des supply chain mondialisées qui sont remis en cause » annonçait fin janvier le cabinet Kyu.
L’Europe prépare des contre-mesures
L’Union européenne, qui décide de la politique commerciale de ses pays membres, tente de négocier avec les Etats-Unis. « Pour protéger les consommateurs et les entreprises », la présidente de la Commission européenne Ursula von der Layen annonçait le 12 mars des « contre-mesures fermes mais proportionnées » face aux droits sur l’acier et d’aluminium. Et de pointer les risques d’une guerre tarifaire : « les droits de douane sont des taxes et, en tant que tels, ils sont néfastes pour les entreprises, et encore plus pour les consommateurs. Ils perturbent les chaînes d’approvisionnement. Ils sont source d’incertitude pour l’économie. Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter, en Europe comme aux États-Unis. » Selon Eurostat, l’UE a exporté en 2024 pour 531,6 Mds€ de marchandises vers les États-Unis et en a importé pour 333,4 Mds€. Cela s’est traduit par un excédent commercial de 198,2 Mds€ . Par rapport à 2023, les exportations ont augmenté de 5,5 %, tandis que les importations ont diminué de 4,0 %.
Taxe sur les bateaux chinois
S’il est encore trop tôt pour établir comment les supply chains mondiales seront redessinées, les premières conséquences prévisibles seront une baisse des volumes échangés. L’inflation du prix des véhicules concerne aussi le prix des véhicules utilitaires, autre mauvaise nouvelle pour le transport terrestre.
D’autres taxes pourraient avoir un effet inflationniste encore plus rapide, sur les routes maritimes cette fois : le Bureau du représentant américain au commerce américain (USTR) a annoncé des taxes sur les escales des navires construits en Chine pouvant aller jusqu’à 1,5 M$ de dollars et jusqu’à 1 M$ de dollars par escale pour tout armateur qui possède un navire de construction chinoise dans sa flotte ou en commande !
Les pays surtaxés au-delà de +10 % :
République démocratique du Congo : 11%
Cameroun : 12%
Tchad : 13%
Guinée équatoriale : 13%
Nigéria : 14%
Venezuela : 15%
Mozambique : 16%
Norvège : 16%
Israël : 17%
Zambie : 17%
Malawi : 18%
Philippines : 18%
Zimbabwe : 18%
Nicaragua : 19%
Union européenne : 20%
Jordanie : 20%
Côte d`Ivoire : 21%
Namibie : 21%
Vanuatu : 23%
Brunei : 24%
Japon : 24%
Malaisie : 24%
Corée du Sud : 26%
Inde : 27%
Kazakhstan : 27%
Tunisie : 28%
Algérie : 30%
Nauru : 30%
Pakistan : 30%
Libye : 31%
Moldavie : 31%
Afrique du Sud : 31%
Angola : 32%
Fidji : 32%
Indonésie : 32%
Suisse : 32%
Taïwan : 32%
Macédoine du Nord : 33%
Chine : 34%
Bosnie-Herzégovine : 36%
Bangladesh : 37%
Liechtenstein : 37%
Thaïlande : 37%
Botswana : 38%
Guyana : 38%
Serbie : 38%
Irak : 39%
Ile Maurice : 40%
Syrie : 41%
Îles Malouines : 42%
Sri Lanka : 44%
Myanmar (Birmanie) : 45%
Viêt Nam : 46%
Madagascar : 47%
Laos : 48%
Cambodge : 49%
Lesotho : 50%