France Industrie souhaite un plan de relance fondé sur la décarbonation
Auditionné le 29 avril par la commission des affaires économiques du Sénat, Philippe Varin, président de France Industrie, a défendu un plan de relance industriel fondé sur la décarbonation mais aussi sur un soutien ciblé à la consommation et à l’investissement.
Débutant un cycle d’auditions dédiées à la politique économique de sortie de crise, Sophie Primas, sénatrice LR des Yvelines et présidente de la commission des affaires économique du Sénat, a posé la question suivante à Philippe Varin, président de France industrie (1) : « quelles devront être nos priorités, en prenant en compte la fragilisation de nos entreprises durement impactées par la quasi-paralysie de l’activité et la faiblesse des fonds propres, tout en gardant le cap sur les grands objectifs de transition écologique, d’innovation auxquels s’ajoute désormais celui de la souveraineté économique ? »
Dans sa réponse Philippe Varin a insisté sur le besoin d’une reprise rapide de l’activité industrielle en France, dont la production a chuté bien plus fortement que celle de ses voisins européens. Il a estimé que « les principaux sujets pour le redémarrage sont aujourd’hui la protection sanitaire des salariés, et celui de la responsabilité des patrons d’entreprises » avant de considérer que « le manque de clarté à ce sujet est dommageable pour la reprise » .
Trois leviers de relance
Le président de France Industrie a appelé à une relance économique agissant sur trois leviers : la décarbonation, un soutien ciblé à la consommation et à l’investissement. Insistant particulièrement sur les enjeux de transition énergétique et écologique, il a assuré qu’ « il n’y a pas de changement de cap : il faudra maintenir l’objectif de décarbonation du Pacte productif, voire le renforcer. » La mobilité propre et la rénovation thermique ont, selon lui, le plus fort potentiel de décarbonation mais aussi de développement industriel. Ils doivent être soutenus par les pouvoirs publics.
Un projet sur le temps long
Aux sénateurs qui se sont inquiétés de la capacité d’investissement et de R&D des entreprises françaises, dont la trésorerie est asséchée par la crise et dont le niveau de fonds propres reste faible.
Philippe Varin a indiqué que la réflexion sur la politique économique sera « un projet collectif, qui demandera de la détermination et s’inscrira dans un temps long » et a appelé à une coopération plus structurée entre l’État et les collectivités territoriales. Il a par exemple évoqué la constitution de fonds d’investissement régionaux ou de partenariats publics privés, à l’impulsion des collectivités territoriales au plus près des entreprises.
Relocalisations
Quand la commission sénatoriale a évoqué « la montée des considérations de souveraineté économique à l’aune de la crise que nous vivons », Philippe Varin a salué la prise de conscience qui a lieu au niveau européen.
Il a estimé que le renforcement de la politique industrielle, en faveur des chaînes de valeur stratégique notamment, envoie un bon signal alors que la rivalité des blocs économiques mondiaux est aujourd’hui exacerbée.
Le président de France industrie a affirmé que « l’une des lignes directrices de la relance par l’investissement sera la relocalisation des maillons stratégiques de l’industrie », signalant que plusieurs filières sont déjà engagées dans une telle réflexion. À ce titre, il a appelé à l’approfondissement des projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC), parmi lesquels la création d’une filière européenne de production de batteries électriques automobiles et à l’activation des mécanismes français et européens de filtrage des investissements stratégiques.
Le retour d’une taxe carbone aux frontières dès que possible
Dans une interview au Figaro publiée quelques jours plus tôt, le président de France Industrie avait été plus précis sur le sujet.
A la question du Figaro : La pandémie annonce-t-elle un phénomène de démondialisation ? il avait répondu :
« Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. La mondialisation a des atouts. Mais on a été trop loin, et il faut réviser le modèle. Le mouvement de relocalisation, en France, en Europe et au Maghreb, a commencé avec la hausse du prix du carbone et la digitalisation des usines.
La crise sanitaire précipite cette tendance. Il y a d’abord des secteurs, comme la pharmacie ou le matériel médical, mais aussi les pièces pour l’automobile et la chaîne électronique où il faudra mettre sous contrôle les approvisionnements. Ce sont des enjeux de souveraineté.
Cela nécessitera des investissements massifs. Face aux États-Unis et à la Chine, l’Europe doit peser davantage sur le plan industriel et soutenir les investissements dans la transition écologique et les marchés du futur, comme les batteries électriques, l’hydrogène, les télécoms, la santé digitale. Et elle devra créer une taxe carbone aux frontières dès que possible. »
(1) France Industrie se décrit l’organisation professionnelle représentative de l’Industrie en France. Créée en 2018 par le Cercle de l’Industrie et le Groupement des Fédérations Industrielles (GFI), elle rassemble 23 Fédérations sectorielles de l’industrie adhérentes au MEDEF, et les présidents de 44 grandes entreprises privées et publiques, intervenant dans tous les secteurs industriels.
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