67 millions de logisticiens

Les controverses autour de la campagne vaccinale anti-Covid française ne manquent pas. Certes, il est entendu que son démarrage début janvier a connu des ratés. L’autorisation de mise sur le marché plus rapide que prévu, et surtout le choix de vacciner prioritairement les résidents des Ehpad, ce qui fait appel à un circuit de distribution plus complexe que les vaccinodromes allemands, ont conduit à des statistiques peu flatteuses par rapport à nos voisins européens.

Conséquence de ces débuts poussifs, la logistique a eu de nouveau les honneurs des médias grand public, non plus pour en tresser les lauriers comme aux pires moments de la crise en 2020, mais pour en fustiger les lenteurs. Citoyens, professionnels de santé et logisticiens de tous bords ont émis des avis assez tranchés sur les faibles compétences logistiques du gouvernement, confondant parfois stratégie vaccinale et distribution des vaccins.

Trois mois après son lancement, et alors qu’une phase d’accélération forte débute, le premier bilan ne semble pas finalement si éloigné des objectifs gouvernementaux communiqués mi-décembre.

Le premier bilan ne semble finalement pas si éloigné des objectifs gouvernementaux.

Selon le site Our World in Data, début mars, la France restait certes derrière l’Allemagne qui administrait 170 000 doses par semaine. Mais elle partage avec l’Italie la deuxième position au sein de l’Union européenne, autour de 130 000 doses hebdomadaires. Sachant que l’Allemagne, avec ses 83 millions d’habitants, reçoit 24 % de doses en plus que la France, le bilan n’est pas si mauvais. Reste le cas du Royaume-Uni, qui caracole avec 364 000 doses hebdomadaires : c’est un autre débat, de source d’approvisionnement et non pas de distribution.

Ainsi, si l’on devait mesurer au milieu du gué la performance logistique d’une campagne d’acheminement et de vaccination d’une nature et d’une ampleur totalement inédite, la France et sa logistique n’ont sans doute pas à en rougir. De cette nouvelle phase de la crise de la Covid, on retiendra notamment que la logistique a de nouveau tenu les premiers rôles, sur le volet pharma et chaîne du froid. Que l’on en dise du bien ou du mal, cela vaut sans doute mieux que l’indifférence qui prévalait jusqu’alors.

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