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L’Oréal cultive l’esprit start-up de ses usines et entrepôts

, par Sylvain Chanourdie

Pour stimuler l’innovation de ses opérations industrielles, le numéro un mondial des cosmétiques a lancé un incubateur interne dédiés aux technologies 4.0, le MYT (« Make Your Technology »). 14 projets conçus par des collaborateurs de la production et de la supply-chain y sont actuellement accompagnés.

Jusqu’alors partenaire d’incubateurs de start-up tels que Station F ou Founders Factory, L’Oréal transpose la méthode d’accompagnement au sein même de ses opérations industrielles. Inauguré le 3 juin, son incubateur interne baptisé MYT pour « Make Your Technology » encourage les vocations d’intrapreneurs dans ses labos, usines et centres logistiques. Implanté sur le site historique d’Aulnay-sous-Bois à côté du pôle d’excellence manufacturing et supply-chain, le MYT symbolise l’ambition du groupe de devenir un champion de la « beauty tech » : « Nous avons engagé une révolution digitale qui place les consommateurs et nos collaborateurs au centre de nos actions. Nous intégrons le meilleur des nouvelles technologies et l’intelligence des données à la fois pour offrir des produits toujours plus innovants, des services sur mesure et aussi pour que tous nos collaborateurs se les approprient et créent avec de la valeur ajoutée  » résume Barbara Lavernos, directrice générale technologies et opérations de L’Oréal.

Diffuser outils et méthodes des start-up

IoT, Blockchain, intelligence artificielle, réalité augmentée, reconnaissance vocale, impression 3D… la palette des technologies « 4.0 » doit bénéficier aux quelque 19 000 salariés de la production et de la supply-chain. Le MYT joue le rôle de catalyseur de cette transformation digitale pour les 40 usines et 150 centres de distribution du groupe en y diffusant les outils et méthodes de travail des start-ups.
L’impulsion de départ a été donnée en janvier dernier par un concours d’idées lancé auprès des 9000 collaborateurs de la zone EMEA. Plus de 160 idées de projet ont été recueillies via une plateforme web. Après un premier écrémage par un jury multidisciplinaire, notamment pour écarter les idées déjà développées dans le groupe, les dossiers admissibles ont été soumis au vote de tous les collaborateurs. 12 projets plus deux coups de cœur du jury ont été retenus.

3 à 5 projets déployés à l’échelle mondiale

Depuis début avril, cette première promotion de 14 projets occupe les 800 m² du MYT : 17 « makers » venant de 12 sites situés en Belgique, France, Italie, Pologne et Turquie. Ils ont trois mois pour mettre au point un premier prototype. Pendant cette phase d’incubation, ils bénéficient de ressources matérielles telles que robots, imprimantes 3D, ordinateurs, etc. et d’un accompagnement technique et méthodologique de la part d’experts internes et des start-up partenaires du MYT. En particulier, ils sont formés à la méthode agile, ce mode de gestion de projets reposant sur un prototypage rapide et itératif.

La phase d’incubation prend fin le 19 juin. A cette date, le jury sélectionnera 3 à 5 projets jugés dignes d’être déployés à l’échelle du groupe. Les élus passeront alors en phase « d’accélération » jusqu’à fin 2019. Certains projets pourront alors être immédiatement déployés, d’autres devront être encore adaptés aux conditions réelles. « Notre objectif est de déployer le plus massivement possible les projets sélectionnés. La phase d’accélération représente un gain de temps considérable, notamment en levant les risques avant le pilote en usine  » souligne Thomas Lingelser, directeur du MYT.

Du cobot à la sérialisation

Parmi les 14 projets en incubation, plusieurs visent à améliorer la supply-chain du groupe. Côté web, on notera une plateforme web dédiée aux approvisionnements en matières premières. La proportion croissante de « matières vertes », issues de plantes, rend le processus d’autant plus critique. La plateforme donne aux usines une vision partagée sur les commandes de matières premières et sur le niveau des stocks des autres usines, permettant d’ajuster les commandes de façon plus réactive, au besoin en s’approvisionnant auprès d’une usine adjacente.

Dans l’entrepôt, une autre équipe met au point un cobot pour défilmer les palettes. Sur la base d’un bras robotisé, un pistolet thermique sert à découper le film qui est ensuite aspiré. Le cariste n’a plus à descendre de son chariot pour découper les films d’une grande variété de palettes. Outre un gain d’ergonomie, le prototype prévoit aussi que le cobot imprime et colle les étiquettes sur les marchandises afin d’assurer leur traçabilité interne.

En aval de la supply-chain, une solution de code unique apposé sur chaque produit est actuellement mise au point. Un projet de grande ampleur s’il est mené à son terme : L’Oréal fabrique chaque année 7 milliards de produits. Cette forme de sérialisation permettrait de renforcer la communication avec les clients via un CRM et d’affiner la traçabilité des produits. Les étiquettes imprimées (code-barres, datamatrix…) seraient privilégiées aux technologies sans contact.

Une application s’attaque aux ruptures de testeurs de produits en magasin. Actuellement, les commerçants hésitent à utiliser les produits mis en rayons car ils leur sont facturés à l’équivalent d’une vente. L’application développée au MYT permet au commerçant de convertir immédiatement en testeur un produit destiné à la vente, l’information remontant à l’ERP. Un sujet loin d’être anecdotique : « Sur les produits de luxe notamment, une rupture de testeur peut faire perdre plus de ventes qu’une rupture de produit en stock » explique Thomas Lingelser.

D’autres projets s’adressent plus directement à la partie production : une place de marché interne pour revendre les outils de productions entre usines, un aspirateur autonome à copeaux ou encore un projet de digitalisation des documents échangés avec les entreprises externes : la sélection s’annonce difficile ! L’Oréal, qui aurait investi plus d’un million d’euros dans le MYT, a déjà programmé une deuxième saison en septembre 2019 tandis qu’un déploiement en Asie et en Amérique est à l’étude pour 2020.

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